Sfia Bouarfa
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Sfia Bouarfa, née à Jerada (Maroc) le 14 octobre 1950, est une femme politique belge d'origine marocaine, militant au Parti socialiste jusqu'à son départ en 2014.
Vie privée et professionnelle
Sfia Bouarfa est née à Jérada, une ville minière du Nord-Est du Maroc, d'un père ancien syndicaliste devenu cadre. Elle habitait une "maison familiale cossue dans le quartier européen de Jérada (sa famille est aisée et possède une automobile, ce qui est exceptionnel à l’époque)". A l'âge de 13 ans, en 1963, son père meurt et la situation financière de la famille se détériore, sa mère devant élever seule ses sept enfants. Elle quitte le Maroc en 1971 pour la Belgique en vue de poursuivre des études d'hôtellerie, mais préfère s'orienter vers celles d'assistante sociale, suivies d'une licence en sciences du travail. Elle tente brièvement un retour au pays en 1976 mais n'y est reste pas et acquiert la nationalité belge en 1983. Elle épouse Zeki Bozkurt, d’origine turque, au départ cuisinier mais qui devient par la suite gérant d’un prestigieux restaurant, puis d'un club de golf à Tervuren. Le couple a deux enfants et habite une villa à Wezembeek-Oppem, comme Tervuren une commune de la banlieue bourgeoise de Bruxelles, situées en Flandre, hors de la Région de Bruxelles-capitale[1].
Engagée comme médiatrice sociale par la commune de Schaerbeek suite à une initiative régionale prise après les émeutes de Forest de 1991, elle entre en conflit avec l'échevin PRL de l'état-civil Bernard Guillaume, qui obtient le soutien de la majorité de droite issue de la liste raciste NOLS qui avait remporté les élections communales de 1988, sur laquelle il a été élu. Son licenciement en 1993 a un certain écho médiatique[2] et suscite de vives réaction de l'opposition PS, PSC et FDF, sans que ces partis se coordonnent avec le reste de l'opposition, Ecolo et IDS, un groupe politique local de FDF dissidents[3] [4]. Une plainte pour licenciement abusif est ensuite déposée contre le collège, l'ex-médiatrice explique que "Les services de la population sont le principal obstacle à l'intégration à Schaerbeek. Ils abusent de la loi Gol, ainsi que le conseil d'État l'a constaté à deux reprises. Ils taxent les citoyens pour des erreurs administratives commises à leurs propres guichets. Un ressortissant espagnol s'est même vu réclamé pendant plusieurs mois une attestation d'accès au territoire, alors que son pays fait partie de la CE. Il se prénommait Mohamed. Pour l'état civil, c'est tout ce qui comptait... «Nous inscrivons qui nous voulons», m'a-t-on dit au cabinet de l'échevin concerné[5]". Un mois après le licenciement, l'échevin de l'harmonisation (cohabitation) André Verhaegen déclare à la presse qu'il lui "paraît davantage un incident de parcours qu'une affaire Dreyfus à la sauce schaerbeekoise"[6]. En fin de compte, un recours en annulation introduit par le groupe IDS est rejeté en août 1993 par la Région bruxelloise en tant que tutelle de la commune[7].
Vie politique
En décembre 1993, elle intègre le comité de Dunes (Démocratie, utopie, nouvel élan pour Schaerbeek), une section parallèle du Parti socialiste de Schaerbeek mise sur pied depuis un an[8]. Quelques mois plus tôt, son nom avait été évoqué comme possible candidate d'ouverture aux communales de 1994 au sein de la commission immigration-citoyenneté d'Ecolo, parmi d'autres dont l'entrepreneur d'origine tunisienne Sadok Boudoukhane, toutefois il ne semble pas y avoir eu de contact concret en ce sens[9].
L'année suivante, elle figure en quatrième position sur la liste PS, qui décroche quatre sièges, Sfia Bouarfa obtenant le meilleur score préférentiel.
Malgré son score, et alors que le PS entre dans la nouvelle coalition communale, elle n'obtient pas le poste d'échevin dévolu à son parti, qui échoit à un juriste issu de l'Université libre(-exaministe) de Bruxelles, adhérent PS à 28 ans, ancien cabinettard PS et fonctionnaire régional dont le père était journaliste au Figaro[10]. Dans un article paru 14 ans plus tard, un journaliste écrit que "Sfia Bouarfa le ressent comme une injustice, une trahison, voire un geste raciste de la part de ses propres amis. « C’est là que j’ai vraiment découvert la politique », dit-elle. On lui offre pourtant ses sièges au Parlement de la région de Bruxelles (1995), puis au Sénat (2001), mais elle les vit comme autant de lots de consolation : c’est à la mairie de Schaerbeek qu’elle tient le plus. Hélas, on l’a vu, la Realpolitik resservira les plats en 2006."[11].
L'impression de Sfia Bouarfa ne semble toutefois pas entièrement dénuée de fondement: après les élections communales suivantes, en 2000, l'échevin PS sortant de l'Instruction publique, Roland De Linge, n'est pas reconduit, et un nouvel élu, Mohamed Lahlali, lui est préféré pour occuper le même poste. Aussitôt démarre une campagne anti-Lahlali, à connotation fortement raciste, laïciste et islamophobe, initiée par le syndicat socialiste des enseignants communaux (CGSP) et relayée par "des lettres signées par une vingtaine de directeurs d'établissements scolaires de la commune, tant du primaire que du secondaire", qui soutiennent De Linge[12]. La section PS maintient son choix, et De Linge quitte le groupe PS pour siéger avec la Liste du bourgmestre, jusqu'à sa démission en 2003[13].
Pas dénuée de fondement, mais avec un bémol toutefois, puisque Lahlali n'est en réalité que le remplaçant de l'"échevin empêché" (déjà secrétaire d'Etat régional) Alain Hutchinson, et que le poste aurait d'abord été proposé à... Sfia Bouarfa, qui "préfère cependant son poste de députée régionale (les statuts du PS interdisent un tel cumul)"[14]. Cette règle anti-cumul n'existe que dans quelques rares sections du PS, il ne s'agit ni d'une règle générale au parti ni d'une interdiction légale, au contraire de celle visant le cumul entre fonctions exécutives communales (bourgmestre, échevin) et ministérielles au sens large (ministre, secrétaire d'Etat), interdite expressément depuis 1988 par l'article 18 de la Nouvelle loi communale.
Elle est réélue en 2000 et en 2006, puis décide de ne plus se représenter en 2012, en désaccord avec la composition de la liste. Lors de la dernière séance de la mandature 2006-2012, le bourgmestre déclare que "Sfia Bouarfa n'a jamais hésité à monter au créneau pour défendre ses convictions pendant trois législatures[15]."
Elle a été élue au conseil régional bruxellois en juin 1995. En 1999, elle est à nouveau candidate à la Région en ordre utile, ainsi qu’à la deuxième suppléance au Sénat.
En février 2014, à 3 mois de la fin de son mandat régional, elle annonce qu'elle quitte le Parti socialiste auquel elle avait adhéré 20 ans plus tôt, et qu'elle appellera à voter pour les listes du Parti du Travail - Gauche d'ouverture (PTB-GO) aux prochaines élections régionales, fédérales et européennes de mai 2014[16]. Elle n'est plus elle-même candidate à ces élections.
Chronologie des mandats[17]
- 1994-2012: conseillère communale (Schaerbeek)
- 1995-2001: membre du conseil d'administration de l'Intercommunale bruxelloise de Distribution d'eau (IBDE)
- 1995-2001: membre du conseil d'administration de la Coopérative "Foyer Schaerbeekois"
- 1995-2014: membre du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale (dénommé avant le 25 février 2005: Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale)
- 1995-2009: membre du Parlement de la Communauté française (dénommé avant le 25 février 2005 : Conseil de la Communauté française)
- 1995-2004: vice-présidente du groupe PS (Conseil de la Communauté française)
- 1997-2009: secrétaire du Parlement de la Communauté française (dénommé avant le 25 février 2005 : Conseil de la Communauté française)
- 2001-2006: membre du conseil d'administration de l'Intercommunale bruxelloise d'assainissement (IbrA)
- 2001-2006: membre du conseil d'administration de l'Association de la ville et des communes de la Région de Bruxelles-Capitale
- 2001-2009: sénatrice désignée par le Parlement de la Communauté française
Sources
- ↑ Olivier Bailly, "Parcours: Sfia Bouarfa", Jeune Afrique, 21 septembre 2008
- ↑ François Robert, "Schaerbeek: la médiatrice sera licenciée", Le Soir, 21 avril 1993
- ↑ "Schaerbeek: Cohabitation en péril", Le Soir, 27 avril 1993
- ↑ François Robert, "Le conseil persiste: la médiatrice sociale licenciée. Les faucons triomphent à Schaerbeek", Le Soir, 30 avril 1993
- ↑ Daniel Couvreur, "La médiatrice sociale n'a pas commis de faute grave. Schaerbeek licencie à la tête du client", Le Soir, 14 mai 1993
- ↑ "Schaerbeek. Pas d'affaire Dreyfus?", Le Soir, 26 mai 1993
- ↑ "Schaerbeek. La médiatrice licenciée: la tutelle ne s'oppose pas", Le Soir, 4 août 1993
- ↑ François Robert, "Les deux PS en lice à Schaerbeek. «Dunes» a son programme: il ne lui manque qu'une liste", Le Soir, 16 décembre 1993
- ↑ l'auteur de ces lignes était membre de ladite commission de 1993 à 1997, cette information n'a évidemment jamais été rendue publique
- ↑ François Robert, "De nouvelles figures dans les collèges. De Linge, John Silver schaerbeekois", Le Soir, 11 février 1995
- ↑ Olivier Bailly, "Parcours : Sfia Bouarfa", Jeune Afrique, 21 septembre 2008
- ↑ Olivier Van Vaerenbergh, "Schaerbeek. Sa nomination à l'échevinat de l'instruction soulève l'opposition de l'école laïque. Remous autour de Mohamed Lahlali", Le Soir, 18 octobre 2000
- ↑ Pierre Massart, "cc 2003-09-09: 1 et fin. CPAS (compte-rendu du conseil communal extraordinaire du 9 septembre 2003)", Démocratie schaerbeekoise, 9 septembre 2003
- ↑ François Robert, "A Schaerbeek, Lahlali décroche l'instruction", Le Soir, 13 octobre 2000
- ↑ (Bernard Clerfayt), "Conseil communal: adieu émouvant", Schaerbeek.be, novembre 2012
- ↑ Belga, "Après 20 ans, Sfia Bouarfa quitte le PS", La Libre Belgique, 3 février 2014 (Mis à jour 6 février 2014)
- ↑ Fiche sur le site du Sénat
Iconographie
photo reprise de Sfia Bouarfa sur la Tractothèque; tracts scannés ou rescannés (meilleure qualité) en février 2020 (cliquer sur la vignette pour agrandir)
Site personnel
Attention: cet article est en cours de rédaction, il s'agit donc d'une ébauche et certains éléments peuvent donc être prochainement modifiés suite à la consultation de sources supplémentaires. |