Comité national pour le suffrage universel
Le Nationaal Comité voor Algemeen Stemrecht - Comité National pour le Suffrage Universel a été mis sur pied par des allochtones début 1996 en Flandre et en juin de la même année à Bruxelles afin d'exiger que toute avancée en matière de droit de vote et d'éligibilité pour les étrangers, à quelque niveau que ce soit, bénéficie à toutes les catégories de résidents étrangers, et non seulement aux ressortissants de l'Union Européenne. Les principaux animateurs du NCAS-CNSU étaient Tarik Fraihi (Maroco-Belge) pour l'aile flamande et Pierre-Yves Lambert (Franco-Belge) pour l'aile francophone.
D'autres organisations, Hand in Hand, Avec Vous et Charte 91, regroupant des associations ou des personnes principalement autochtones, ont mené campagne contre la montée de l'extrême-droite dans les années quatre-vingts-dix, la question du droit de vote des non Belges, toujours revendiquée, étant parfois plus particulièrement mise en avant dans le cadre du mouvement antiraciste et antifasciste, surtout en 1994, année où se déroulaient des élections communales. C'est en rupture avec ces campagnes dont les allochtones n'étaient pas partie prenante, contrairement aux années 1970-80, le Comité de Liaison des Organisations des Travailleurs Immigrés, CLOTI[1], dès 1971, et Objectif 82 à partir de 1976, où les revendications en matière de droits civiques n'étaient qu'un des articles d'un catalogue de revendications très étendu, que fut fondé le NCAS-CNSU.
Côté francophone, le CNSU reçut dès sa fondation le soutien de la quasi totalité des élus bruxellois d'origine maghrébine de tous les partis (PS, Ecolo, FDF), à l'exception de l'Ecolo Mostafa Ouezekhti et du FDF Khalil Zeguendi qui estimaient tous deux que cette question n'intéressait pas les personnes concernées et que priorité devait être donnée à l'assouplissement des règles en matière de naturalisation et d'option. Pour le premier, en outre, l'organisation d'élections au niveau fédéral pour désigner l'organe chef de culte musulman était prioritaire par rapport à la participation aux élections communales.
En 1996, suite notamment au lobbying du NCAS-CNSU, plusieurs responsables politiques flamands de haut niveau, dont des ministres des gouvernements flamand (la socialiste Anne Van Asbroeck et les démocrates-chrétiens Wivina De Meester et Luc Martens) et bruxellois (Vic Anciaux, Volksunie), bientôt suivis par le ministre-président du gouvernement wallon (Robert Collignon, PS), estimèrent publiquement qu'il serait peu souhaitable de n'accorder le droit de vote qu'à certains étrangers et d'accroître ainsi les discriminations subies par les ressortissants de pays tiers. Le débat fut assez largement évoqué par la presse flamande, alors que les médias francophones n'y accordèrent pas la moindre importance. En tout, une centaine d'élus, d'anciens élus et de suppléants des partis socialistes, sociaux-chrétiens et écologistes, ainsi que du FDF et de la Volksunie, souscrivirent aux manifestes du CNSU-NCAS entre février 1996 et mars 1997.
- le texte qui précède est principalement extrait de: Pierre-Yves Lambert, La participation politique des allochtones en Belgique - Historique et situation bruxelloise, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant (coll. Sybidi Papers), juin 1999, 122p., ISBN 2872095551 )