Béni-oui-oui

De Suffrage Universel
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Le terme béni-oui-oui ou beni oui-oui (invariable), déjà en usage dans les années 1880 en argot parisien pour désigner des députés suiveurs[1] et en Kabylie[2], est formé sur le préfixe arabe beni, qui désigne une tribu, ici la tribu de ceux qui approuvent ce qu'on leur demande d'approuver. Un anthropologue de la fin du XIXème siècle donne l'explication suivante:

(...) quelques présidents de tribus, qui sont censés représenter la population, mais que les indigènes aussi bien que les Européens appellent des « Béni Oui-oui », parce qu'ils disent toujours oui quand l'administrateur les interroge.[3].

Il y avait à la fin du XIXème siècle d'autres "tribus" similaires, notamment les "Béni-Mouffetard", habitants du quartier parisien de la rue Mouffetard réputés pour être spirituels, et les "Béni-Coco", tribu des imbéciles[1], les "Béni-bouffe-tout", au sens propre de gloutons comme au figuré de crédules[4]. Le terme "Béni-Mouffetard", ou "Beni-mouf-mouf" était utilisé dans les années 1950 par les Pieds-Noirs pour désigner péjorativement les Français métropolitains (comme les "Zoreyes" à La Réunion)[5].

Notes et sources

  1. 1,0 et 1,1 Césaire Villatte, Parisismen. Alphabetisch geordnete Sammlung der eigenartigen Ausdrucksweisen des Pariser Argot., Berlin, Langenscheidtsche verlagsbuchhandlung, 1888
  2. François Charvériat, Huit jours en Kabylie: a travers la Kabylie et les questions Kabyles, Librairie Plon, E. Plon, Nourrit et cie, Paris, 1889
  3. Armand Viré, "La Kabylie du Djurjura", Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, volume 4 (1893), n°4, pp.66–93
  4. Roland Laffitte, "La dévalorisation du colonisé à travers quelques termes empruntés", Intervention dans le cadre de la soirée SELEFA / Ishtar du 29 mars 2009 sur le thème « Les mots de la colonisation »
  5. Mohamed Boudiba, L'Ouarsenis: la guerre au pays des cèdres, Paris, Editions L'Harmattan, 2002, ISBN 9782747534550 p.20

Voir aussi