Élections communales de 1994 à Molenbeek

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Magazine Horizon, novembre 1994

Il n'y avait aucun candidat d'origine extracommunautaire sur la liste du bourgmestre Philippe Moureaux (PS et indépendants, 16 sièges), qui avait opposé une fin de non-recevoir à la proposition de constituer un cartel avec MERCI. Sur cette absence, deux versions circulent, émanant toutes deux de personnes membres ou proches du PS local. D'après Philippe Moureaux, un appel aux candidatures spécifique aurait été lancé, sans succès[1]. Mais d'autres affirment qu'en fait, c'est l'opposition résolue de nombreux militants socialistes molenbeekois qui aurait incité le comité local à la plus extrême prudence à cet égard...

Pendant la campagne des législatives de 1991, certains vieux militants socialistes avaient refusé de faire partie des mêmes équipes de colleurs d'affiche que des "bougnoules", fussent-ils progressistes[2]. Signalons néanmoins que le conseiller régional Mohamed Daïf et la sénatrice suppléante Talbia Belhouari, élus en mai 1995, sont également issus de la section molenbeekoise du PS, mais que le premier avait initialement essuyé un refus d'adhésion, et que la seconde, bien que Molenbeekoise de toujours, avait d'abord dû s'affilier à la section ixelloise (plus bourgeoise et plus intellectuelle) de ce parti..

Abderrahim Izziri, tête de liste MERCI, ex-PS, ex-président de Belgique Plus, habitait encore Ottignies, avec son épouse Corine Vanderborght (quatrième sur cette liste, et seule candidate "autochtone"), quelques semaines avant la clôture des listes d'électeurs, ce qui constituait un handicap considérable sur le plan de la notoriété locale.

La liste Ecolo a fait un très bon résultat (8%, 3 élus) si l'on considère qu'il n'y avait plus d'élu Ecolo suite aux déménagements des deux élus de 1988 et de leurs suppléants. Certains observateurs ont attribué une part de ce succès au vote de nombreux nouveaux électeurs d'origine extracommunautaire. Ces derniers pouvaient en effet s'inquiéter tant de la percée de l'extrême-droite aux législatives et aux européennes que des propos équivoques de Philippe Moureaux sur la priorité à accorder aux "Belges d'origine belge" dans certains logements sociaux de sa commune pour "casser les ghettos"[3].

La présence en deuxième place d'une jeune candidate d'origine marocaine, secrétaire du groupe local d'Ecolo, a très probablement renforcé cette tendance. Mariem Bouselmati (née en 1966), assistante sociale, journaliste et licenciée en sociologie, a milité et travaillé dans divers mouvements sociaux et associatifs (FGTB, MOC, CNAPD, Fédération des Unions de Locataires de Bruxelles), ainsi qu'à l'hebdomadaire La Cité, proche du Mouvement Ouvrier Chrétien. Elle figurait à la dixième place sur la liste Ecolo à la Chambre pour les élections du 21 mai 1995. Comme le PS, Ecolo avait refusé le principe d'un cartel avec MERCI. En 1988, un étudiant d'origine marocaine, Ahmed El Khannouss (né en 1968), devait figurer en 5ème place sur la liste, mais sa candidature dut être retirée car il n'aurait pas eu 21 ans le jour de l'élection. En septembre 1995, le conseiller Ecolo Eric Neirinck (tête de liste en 1994, ancien membre du PS à Ixelles), notamment en désaccord avec les positions de son parti en matière d'immigration, a décidé de siéger comme indépendant, puis a adhéré au PRL.

Sources

Le texte ci-dessus, rédigé par Pierre-Yves Lambert, provient de la version html du site Suffrage Universel, page non datée (2000 ?), archivée en 2004; les notes ont été complétées lors de la mise en ligne ici, le 3 novembre 2024

  1. Abdeslam Kaouass, "Des changements politiques à l'horizon", Horizons, novembre 1994
  2. information communiquée par Jean-Louis Stalport lors d'une réunion (non publique) de la section d'entreprise PS de l'ULB après le "dimanche noir" de 1991
  3. Daniel Couvreur, "Écolo accuse Philippe Moureaux de «préférence nationale»", Le Soir, 4 mai 1993 article en accès abonné·es

Iconographie

voir Molenbeek 1994