Sièges réservés en Iran

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L'élargissement du concept d'ahl al-kitâb
Sièges réservés dans l'Empire ottoman - dans l'État du Hatay - en Irak (au Kurdistan irakien) - en Iran - en Jordanie - au Liban (au Mont-Liban ottoman) - en Palestine - en Syrie
Statistiques ethniques et religieuses en Asie occidentale - à Bahrein - en Syrie
Bibliographies
minorités en Asie occidentale - en Syrie; Nord-Caucasiens en Asie occidentale - Druzes - Tziganes d'Asie occidentale

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À la suite de la révolution constitutionnelle de 1906 en Iran, un parlement (majlis) est mis sur pied et inclut, comme c'était déjà le cas pour son homologue ottoman depuis 1876, des sièges réservés pour les minorités religieuses reconnues, soit les "gens du livre (ahl al-kitâb)": chrétiens, juifs et zoroastriens, bien que ces derniers ne figurent pas dans la catégorie coranique.

La nouvelle constitution iranienne mise en place à la suite de la révolution islamique de 1979 reprend l'idée, et dans chacun des 7 majlis élus depuis 1980 pour 4 ans siègent ainsi 2 chrétiens arméniens, 1 chrétien assyrien (ou assyro-chaldéen), 1 juif et 1 zoroastrien. Depuis 2000, le nombre total de députés est passé de 270 à 290, mais le nombre des sièges pour les non-musulmans n'a pas été modifié.

Contrairement au Pakistan où le système de sièges réservés est en vigueur pour toutes les assemblées élues, il n'est pas d'application aux élections locales iraniennes, qui sont limitées à l'élection des conseils municipaux et de villages. Il n'existe pas d'assemblées élues aux autres niveaux administratifs.

Selon le recensement officiel iranien de 2011, il y avait 117.704 chrétiens (109.415 en 2006, 168.593 en 1976), 25.271 zoroastriens[1] (19.823; 21.400) et 8.756 juifs (9.252; 62.258), mais aussi 49.101 "autres" (54.234; pas de données) et 265.899 "inconnus" (205.317; 59.583), par rapport aux 74.682.938 musulmans (70.097.741; 33.396.908)[2].


Les députés des minorités religieuses assument les mêmes prérogatives que leurs collègues musulmans, les Dr. Dravidian et Dabestani faisaient ainsi partie en 2004 de la commission de la Santé.

Exclusion des autres minorités religieuses

La minorité sabéenne-mandéenne, gens du livre au sens coranique, compterait entre quelques milliers et plusieurs dizaines de milliers de fidèles (dont peut-être une majorité de réfugiés venus d'Irak) dans la province principalement arabophone du Khouzistan, au Sud-Ouest près de la frontière irakienne, mais ne dispose pas de siège réservé au Majlis.

Les chrétiens ni arméniens ni assyriens, souvent des ex-musulmans convertis à diverses variantes du protestantisme, sont passibles de la peine de mort pour apostasie.

Les plus de 300.000 Baha'is, durement persécutés sous tous les régimes iraniens car considérés comme apostats, n'ont jamais été reconnus comme minorité religieuse.

Les musulmans sunnites, minoritaires en Iran mais majoritaire dans certaines zones, ne sont pas non plus reconnus comme minorité religieuse. Il y a donc des députés sunnites, par contre il n'y a aucun sunnite (ni, a fortiori, aucun non-musulman) au sein du gouvernement, la raison invoquée étant que l'Iran est constitutionnellement (article 12) chiite duodécimain[3].

Lutte contre l'antisémitisme

A plusieurs reprises, le député juif Maurice Motamed est intervenu à la tribune pour protester contre des scènes et des propos antisémites dans des séries télévisées iraniennes ou diffusées en Iran, et même, en octobre 2003, contre une diatribe antijuive d'un collègue, obtenant le soutien du président du majlis et des excuses de la part dudit collègue.

Lutte pour la réforme du "prix du sang"

Maurice Motamed a également été très actif et a convaincu ses collègues en 2002 dans le débat sur le "prix du sang", l'indemnité à verser par l'auteur d'un crime à la famille de la victime. Le "prix du sang" (18.750 $ U.S.) était en effet moitié moindre lorsque la victime n'était pas musulmane ou n'était pas de sexe masculin. Cette situation, du moins pour les hommes non musulmans, aurait dû prendre fin suite à un vote du majlis en novembre 2002, approuvé par l'Ayatollah Ali Khamenei, mais rejeté à deux reprises par le Conseil des Gardiens de la Révolution. En fin de compte, les trois autorités suprêmes du pays se sont accordées en 2004 pour passer outre cet avis négatif.

Luttes contre d'autres discriminations religieuses

Il reste encore de nombreuses discriminations envers les citoyens iraniens non musulmans que leurs députés tentent de faire supprimer, notamment en ce qui concerne l'accès aux emplois dans la fonction publique et dans l'enseignement, y compris pour les écoles des minorités, la faculté de témoigner devant un tribunal islamique ou les règles en matière d'héritage.

La fake news de 2006 sur le port obligatoire de signes distinctifs par les minorités religieuses

Le journal canadien National Post a publié le 19 mai 2006 un article d'Amir Taheri, un journaliste iranien exilé mythomane et autoproclamé expert, selon lequel le parlement iranien s'apprêtait à obliger les minorités religieuses à porter sur leurs vêtements un signe distinctif visible, de couleur jaune pour les Juifs, rouge pour les Chrétiens et bleu pour les Zoroastriens.

Cette information fut rapidement reprise dans le Jerusalem Post. Une dépêche de l'AFP reprit l'article. Le premier ministre canadien, M. Harper affirma que de tels signes distinctifs pourraient rappeler "l'Allemagne nazie" . Le doyen du Centre Simon Wiesenthal, le rabbin Marwin Hier commenta cet article: « Cela rappelle l'Holocauste. L'Iran s'approche de plus en plus de l'idéologie des nazis. »

Un rapide démenti des autorités iraniennes entraîna une rétractation de l'article ainsi que la publication par le National Post d'une lettre d'excuses. Amir Taheri resta sur ses positions toutefois, malgré les démentis[4] [5].

Polémique de 2017 sur les conseils municipaux et de villages

voir Démocratie locale et minorités religieuses en Iran

Liste des députés iraniens représentant les minorités religieuses

arméniens

assyrien

juif

zoroastrien

1980

?

?

?

?

1984

?

?

?

?

1988

?

?

?

?

1992

?

?

?

?

1996

Vartan Vartanian, Artavaz Baghumian

Shamshoon Maqsudpour

Manouchehr Elyasi

Parviz Rezvani

2000

Levon Davidian, Georgik Abrahamian

Younatan Botkilia

Maurice Motamed

Khosro Dabestani

2004

Kevork Vartan (Téhéran et Nord), Robert Beglarian (Isfahan et Sud)

Younatan Botkilia

Maurice Motamed

Kurosh Niknam

2008

Kevork Vartan, Robert Beglarian[6] [7]

Ciamak Moresadegh[8]

Esfandiar Ekhtiari

2012

? (Téhéran et Nord), ? (Isfahan et Sud)

?

?

Esfandiar Ekhtiari[9]

2016[10] [11]

Karen Khanlari (Téhéran et Nord[12]), Georgic Abrahamian (Isfahan et Sud[13])

Younatan Botkilia[14]

Siamak Moreh Sedgh[15]

Esfandiar Ekhtiari[16]

Sources

la première version de cet article a été publiée mi-2005 par Pierre-Yves Lambert sur la version html de Suffrage Universel et ("Pylambert") sur la version francophone de Wikipédia

  1. Toutefois, selon le député Ekhtiyari et le Mobed (Grand Prêtre) Mehraban Firouzgary “If we were to count the Zartoshti born population of Iran, it would not add up to more than 15,000. However, there are many who would like to announce their religion as Zartoshti for various reasons. This assessment will be quite clear if one would notice the high figures that are reported from several cities and states where we have hardly any Zartoshti born persons living there.” Source: Roshan Rivetna, The Zarathushti World – a Demographic Picture, 28 octobre 2012
  2. United Nations Statistics Division - Demographic and Social Statistics et National Organization for Civil Registration, cités dans Demographics of Iran, Wikipédia anglophone
  3. "Two Rouhani Campaign Managers Questioned By Intelligence Ministry", Radio Farda, 21 novembre 2017
  4. Fred A. Reed, "Libre opinion: L'anatomie d'un mensonge", Le Devoir, 26 mai 2006
  5. Larry Cohler-Esses, "Bunkum From Benador", The Nation, June 14, 2006
  6. Gamkonline 25 mars 2008
  7. Robert Beglarian défendra les intérêts des Arméniens au parlement iranien, Téhéran, Irna, 16 mars 2008
  8. Results for the minority MPs", Press TV, 16 mars 2008
  9. Il y avait trois candidats pour ce siège, les deux autres étaient Koorush Azargoshaasbi (1.177 voix) et Dr. ‎Farshid Akhtari (466 voix), Esfandiar Ekhtiari en a obtenu 4.959 sur 6.660, soit environ 75%. Source: Ramin Bamasi, "Dr. Esfandiar Ekhtiari Re-elected as Zoroastrians’ MP in Iran", Fezana Journal, Vol. 26, n°1, printemps 2012
  10. Religious minority reserved seats, in "List of MPs elected in the Iranian legislative election, 2016", Wikipédia anglophone
  11. (avec les nombres de voix) "Iran religious minorities lawmakers elected", Iran Daily, 1er mars 2016
  12. 8.631 voix
  13. 2.290 voix
  14. 2.212 voix
  15. 2.949 voix
  16. 3.966 voix

Article connexe

Parlementaires turcs issus des minorités religieuses