Parti national démocratique (Irak)

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Le Parti national démocratique (لحزب الوطني الديمقراطي‎‎, Al-Ḥizb Al-Waṭanī Ad-Dīmūqrāṭī), est un parti politique irakien patriotique (watani, c'est-à-dire nationaliste irakien non confessionnel, donc ni qawmi, ethnonationaliste panarabe, ni taïfi, confessionnel) et travailliste, puis socialiste, fondé en 1946 par Kamel al-Chaderchi[1] et recréé en 2003 par son fils Naseer al-Chaderchi après la longue parenthèse de la dictature baassiste (1963-2003).

Kamel al-Chaderchi

Kamel al-Chaderchi était "un des plus riches propriétaires fonciers d'Irak" dans les années 1930-1950, et "professait un socialisme non autoritaire"[2]. Il rejoignit le nouveau Parti de la fraternité nationale (حزب الاخاء الوطني, Hizb al-Ikha al-Watani) de Yasin al-Hashimi[3], Naji al-Suwaydi[4] et Rashid Ali al-Gaylani. Ce parti, issu en 1931 de la fusion du Parti national, du Parti du peuple et d'autres groupes nationalistes, était nationaliste panarabe et conservateur, mais opposé aux gouvernements en place de Nuri Saïd, puis de Naji Shawkat, avant de renverser celui-ci grâce à une majorité alternative au Parlement en 1933 et de porter brièvement al-Gaylani au poste de premier ministre.

Il quitta le PFN vers 1934-1935, en même temps que Hikmat Sulayman, brièvement ministre de l'Intérieur dans le gouvernement al-Gaylani, également anti-panarabe et partisan d'un patriotisme irakien non-ethnique et non-confessionnel, mais sur le modèle de Mustafa Kemal en Turquie[5], les deux adhérèrent alors au "Groupe des gens" ou "Groupe Al-Ahāli" (مجموعة الاهالي, Majmouatou-l-Ahālî), un mouvement d'intellectuels démocrates et patriotes antinationalistes, proches du socialisme fabien (britannique), créé en 1932-1935.

En octobre 1936, le Groupe Al-Ahāli appuya le coup d'état de Bakr Sidqi[6] et se transforma alors officiellement en parti politique, l'Association de la réforme populaire (Jam'iyyat al-islāh al-sha'bï), lequel fournit le poste de premier ministre (Hikmat Sulayman) et la moitié des membres du gouvernement, dont le ministre des Finances Ja’far Abu al-Timman (fondateur du Groupe, chiite, dirigeant de l'ex-Parti national) et le ministre de l'Economie et des Travaux publics Kamel al-Chaderchi. En juin 1937, le parti quitta le gouvernement, dont le chef resta toutefois en place, et Bakir Sidqi l'interdit peu après, avant d'être assassiné en août de la même année, assassinat lui-même rapidement suivi de la démission d'Hikmat Sulayman.

[7] [8]

Sous la monarchie irakienne (1946-1958)

L'historien Hanna Batatu considérait le PND comme l'héritier de l'aile non-marxiste du Groupe Al-Ahali et a calculé que seuls 3 sur les 8 membres fondateurs du PND en 1946 n'avaient pas eu de lien avec ce groupe[9].

Le PND obtint 2 sièges sur 138 aux élections législatives de 1948[10]. Au cours des années 1950, le PND passe d'un "travaillisme modéré" à "des positions davantage marquées par l'idéal socialiste[2].

De 1956 à 1958, le PND a fait partie du Front de l'unité nationale (Jabhat al-Ittihad al-Watani) avec les nationalistes panarabes du Baas, les nationalistes conservateurs du Parti de l'indépendance irakienne (Istiqlal), les communistes du PCI et le Parti démocratique kurde (PDK).

Sous le régime d'Abd al-Karim Qasim (1958-1963)

Selon Pierre-Jean Luizard[2], le PND

fut associé au pouvoir sous Qâsem, après avoir été dans l'opposition clandestine sous la monarchie. En 1959 et en 1960, la plupart des membres du gouvernement sont alors membres du P.N.D., avant que l'autoritarisme de Qâsem n'aboutisse à un divorce. Le P.N.D. exprimait les options d'une bourgeoisie éclairée et n'eut jamais une audience allant au-delà d'élites citadines.

L'historien Hanna Batatu précise qu'au sein du gouvernement de 14 membres dirigé par Qasim, premier ministre et ministre de la défense, 3 étaient membres du PND (Muhammad Hadid, ministre des Finances, né en 1906 à Mossoul, Arabe, sunnite; Hdaib al-Hajj Hmud, ministre de l'Agriculture, né en 1918 à Diwaniyyah, Arabe, chiite; Husain Jamil "ministre de l'Orientation", né en 1908 à Bagdad, Arabe, sunnite), un "proche du PND" (le ministre des Affaires étrangères Hashim Jawad, né en 1911 à Bagdad, Arabe, sunnite) et 2 "ex-membres du PND (Tal'at ash-Shaibani, ministre du Développement, né en 1917 à Al-Huwaydir, dans la province de Diwala, Arabe, chiite; Hasan at-Talabani[11], né en 1913 à Bagdad, Kurde, sunnite)[9].

Sous la dictature baassiste (1963-2003)

Après la dictature baassiste

voir l'article National Democratic Party sur la Wikipédia anglophone

Notes et sources

  1. autre transcription:Kamil al-Chadirchi
  2. 2,0, 2,1 et 2,2 Pierre-Jean Luizard, "II y avait un pays, qui s'appelait l'Irak...", Revue du monde musulman et de la Méditerranée, n°81-82, 1996 (numéro thématique sur "Les partis politiques dans les pays arabes - 1. Le Machrek."), pp. 257-302; doi : 10.3406/remmm.1996.1764
  3. e.a. premier ministre d'août 1924 à juin 1925
  4. premier ministre de novembre 1929 à mars 1930
  5. lire à ce sujet Michael Eppel, "The Hikmat Sulayman-Bakir Sidqi government in Iraq, 1936-37, and the Palestine question", Middle Eastern Studies, Vol. 24, No. 1 (Jan., 1988), pp. 25-41
  6. un général kurde, mais patriote irakien et auteur de massacres de 5.000 à 6.000 civils assyriens en 1933 à Simele et de plusieurs centaines de rebelles chiites en 1935
  7. Majid A. Majid, L'Émergence d'un état à l'ombre d'un empire: Irak - Grande- Bretagne, Publications de la Sorbonne: Série internationale, 1996 ISBN 9782859442903
  8. Aline Schlaepfer, Les intellectuels juifs de Bagdad: Discours et allégeances (1908-1951), Brill, 2016 (dans une série Christians and Jews in Muslim Societies), ISBN 9789004305830
  9. 9,0 et 9,1 Hanna Batatu, https://books.google.com/books?id=9D0hBQAAQBAJ The Old Social Classes and the Revolutionary Movements of Iraq: A Study of Iraq's Old Landed and Commercial Classes and of its Communists, Ba`thists and Free Officers, 1978
  10. "Iraqi parliamentary election, 1948", Wikipédia anglophone, sur base des données publiées dans Dieter Nohlen, Florian Grotz & Christof Hartmann, Elections in Asia: A data handbook, 2001, Volume I, p.97 ISBN 0-19-924958-X
  11. petit-fils du poète kurde Riza Talabani, pas parents proches du Président Jalal Talabani, cf. Martin van Bruinessen, ‘The Qâdiriyya and the lineages of Qâdirî shaykhs among the Kurds’, in: Thierry Zarcone, Ekrem Işın et Arthur Buehler (eds), The Qadiriyya Order, Journal of the History of Sufism (special issue) 1-2 (2000), pp. 131-149
Attention: cet article est en cours de rédaction, il s'agit donc d'une ébauche et certains éléments peuvent donc être prochainement modifiés suite à la consultation de sources supplémentaires.