Négationnistes rwandais.es et allié.es en politique belge

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Plusieurs cadres et membres rwando-belges de l'association de droit belge Jambo, liée au site révisionniste/négationniste Jambo News, étaient candidat.e.s aux élections communales belges de 2018.

Jambo et Jambo News se présentent comme des opposants au régime autoritaire du Front patriotique rwandais et du Président Kagamé, mais ils se sont surtout fortement opposés à une loi belge reconnaissant "les événements du printemps 1994 comme l’extermination planifiée des Tutsis dans le cadre d’un projet soigneusement préparé par un régime génocidaire", et ainsi "[dissociant] formellement les faits du régime rwandais actuel", adoptant ainsi "une lecture révisionniste de l’histoire, consistant à questionner la légitimité du gouvernement rwandais et diluer la spécificité du crime perpétré contre les Tutsis en le mettant en parallèle avec des massacres commis avant, pendant ou après le génocide"[1].

Le 12 septembre 2018, une carte blanche est publiée dans Le Soir, dans laquelle plusieurs organisations (Collectif contre la présence de candidats négationnistes aux élections communales 2018, Ibuka Mémoire et Justice Asbl, DRB Rugari, Diaspora Rwandaise de Belgique Rugari Asbl, CCOJB – Comité de coordination des organisations juives de Belgique, Collectif belge pour la prévention des crimes de génocide et contre les négationnismes) interpellent les présidents du cdH et du CD&V[2].

Gustave Mbonyumutwa

Gustave Mbonyumutwa, président de cette association, a été repéré en tête de liste de DéFI (ex-FDF) dans la petite commune de Saint-Georges-sur-Meuse (en province de Liège) et a été écarté fin août 2018 suite à l'intervention du député MR bruxellois Alain Destexhe auprès du président national de DéFI, Olivier Maingain.

Mugabe Nizeyimana

Le CD&V et le cdH[3] ont soutenu leur candidat sur la liste cdH-CD&V à Schaerbeek, Mugabe Nizeyimana, membre depuis 2016 du conseil d'administration de Jambo, qui n'a en fin de compte pas été élu. Sa présence sur la liste suscita le 12 septembre 2018 une "Lettre ouverte à Benoît Lutgen et Wouter Beke, présidents du CDH et du CD&V, à propos de la présence de membres d’une organisation négationniste sur leurs listes" publiée dans Le Soir du 12 septembre 2018, cosignée par plusieurs organisations: Ibuka Mémoire et Justice Asbl – DRB Rugari, Diaspora Rwandaise de Belgique Rugari Asbl – CCOJB – Comité de coordination des organisations juives de Belgique – Collectif belge pour la prévention des crimes de génocide et contre les négationnismes. Le 14 septembre, une dépêche Belga tombait, "Un candidat cdH prend congé d’une asbl soupçonnée de nier le génocide rwandais".

Laure Nkundakozera Uwase

Laure Nkundakozera Uwase ("Laure Uwase" sur Twitter et sur les affiches), ancienne secrétaire générale et militante active de Jambo[4], ancienne rédactrice en chef de Jambo News, n'a pas non plus été élue sur la liste CD&V à Denderleeuw, elle est devenue deuxième suppléante. Elle est la fille d'Anastase Nkundakozera, condamné pour génocide par les juridictions Gacaca, ainsi que l'a révélé le ministre d'État Olivier Nduhungirehe le 7 juin 2018 sur Twitter, sa mère Agnès Mukarugomwa est une propagandiste négationniste bien connue, ancienne militante du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND(D)), le parti de Habyarimana[5].

Theo(domir) Nsengimana

Theo(domir) Nsengimana[6], qui était déjà conseiller CPAS sortant, a été élu conseiller communal à Alost, toujours sur une liste CD&V. Ce neveu d'un "conseiller" de Juvénal Habyarimana, mort avec lui dans l'avion lors de l'attentat du 6 avril 1994 (en fait, il n'y avait parmi les Rwandais présents dans cet avion que trois militaires haut gradés, un ambassadeur et son médecin personnel), semble être un adepte de la thèse négationniste du "double génocide": dans une interview au Laatste Nieuws en 2014 il expliquait que "ma mère a été tuée par balles, trois mois plus tard c'était le tour de mon père, et ma grand-mère aussi a été assassinée pendant le génocide, seulement parce qu'un des membres de notre famille se trouvait dans cet avion[7]". Rappelons que le génocide rwandais perpétré par des extrémistes du "Hutu Power" visait les Tutsis en tant que groupe ethnique et les Hutus modérés. Il a par ailleurs été l'initiateur avec Albert Rukerantare[8] de la campagne "Trop c'est trop", une "action de sensibilisation contre la proposition du Procureur du TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda) de transférer des procès de ce tribunal devant la juridiction rwandaise". Campagne à laquelle était associé la principale organisation révisionniste/négationniste en Belgique, le "Centre de Lutte contre l'Impunité et l'Injustice au Rwanda" (CLIIR), organisateur de la commémoration annuelle de l’assassinat de Juvénal Habyarimana, qualifié en 2013 par La Libre Belgique de "les familles des génocidaires et des négationnistes rwandais".

Sources

  1. extrait de la carte blanche de la chercheuse Laetitia Tran Ngoc parue dans Le Soir du 18 avril 2018
  2. "Du négationnisme rwandais aux communales? Lettre ouverte aux présidents Lutgen et Beke", Le Soir et Ibuka-Belgique, 12 septembre 2018
  3. Belga, "Communales 2018: Denis Grimberghs défend un candidat de sa liste cdH-CD&V; à Schaerbeek dont l’asbl nierait le génocide rwandais", Vers l'Avenir, 5 septembre 2018
  4. Elle a adhéré à "l’ASBL Jambo en 2010 à l’âge de 18 ans. Au sein de l’association, elle assure différentes responsabilités notamment rédactrice en chef de Jambonews, puis secrétaire générale de l’ASBL avant de prendre du recul en 2016 au terme de son mandat pour se recentrer sur son engagement associatif et militant au sein de la commune de Denderleeuw et du parti CD&V.", extrait de Gaspard Musabyimana, "Communales belges d’octobre 2018 : Faisons connaissance avec « ces candidats rwandais qui dérangent »", Echos d'Afrique et The Rwandan, 9 septembre 2018
  5. la conseillère fiscale et juridique Laure Nkundakozera Uwase, l'infirmier Anastase Nkundakozera et Agnès Mukarugomwa ont la même adresse, elle n'est donc pas seulement "fille de"
  6. né le 2 janvier 1975 au Rwanda, réfugié en Belgique depuis 1997 après avoir passé trois ans en RDC, économiste et fonctionnaire dans un service public fédéral
  7. Rutger Lievens, ""Hutu en Tutsi: dat zijn lege begrippen"", Het Laatste Nieuws, 9 avril 2014
  8. Ce dirigeant de la "Société civile rwandaise", SOCIRWA, ancien agent du Service des renseignements rwandais du 28 décembre 1989 jusqu'en juillet 1994, a notamment témoigné au TPI d'Arusha dans le procès de Mathieu Ngirumpatse, condamné à vie en 2011 comme génocidaire. Il a également dirigé le Collectif du Six Avril 1994 au Rwanda (COSAR), qui commémore chaque année l’assassinat de Juvénal Habyarimana