Maltais de Tunisie

De Suffrage Universel
Aller à : navigation, rechercher

Pierre-Yves Lambert, "Les Maltais de Tunisie, Français malgré eux", Suffrage Universel, mai 1998

Episode peu connu de l'histoire de la nationalité française, le décret du 8 novembre 1921 accordait la nationalité française aux sujets britanniques de la troisième génération nés en Tunisie, aux "Anglo-"Maltais donc (Malte était une colonie britannique), fort nombreux dans ce protectorat français. Les bénéficiaires involontaires de cette mesure furent appelés, dans leur communauté, "Français du 8 novembre".

Par suite d'une intervention d'une délégation de Maltais auprès de l'Ambassade de Grande-Bretagne à Tunis, la loi du 23 décembre 1923 vint modifier la précédente afin de permettre à ceux qui le souhaitaient de rejeter cette "naturalisation d'office", à l'exception des enfants de la troisième génération nés en Tunisie après le 8 novembre 1921. La majorité des Maltais concernés acceptèrent la nationalité française, mais une importante minorité la refusa, de crainte d'être enrôlés dans l'armée française. Après l'indépendance de la Tunisie, la quasi totalité de la communauté maltaise émigra vers la France, où les rejoignirent leurs compatriotes d'Algérie quelques années plus tard[1]

Une loi adoptée en 1948 à Malte empêchait en effet les Maltais nés à l'étranger de venir s'établir dans cette île surpeuplée, en raison des craintes de voir revenir des milliers de Maltais d'Egypte, de Libye et des Balkans qui souhaitaient quitter leurs pays d'accueil en raison de la situation politique[2].

Parmi les Français d'ascendance maltaise, on compte notamment le (défunt) philosophe Jacques Ellul, le (défunt) ethnologue Carmel Camilleri, le politologue Hugues Portelli, et des hommes politiques comme Edgard Pisani (ancien ministre), Roger Fenech (ancien député de Lyon), Antoine Micallef (conseiller régional du Var) ou Isabelle Mifsud (conseillère régionale de l'Oise). Il existe plusieurs associations de Français d'ascendance maltaise, dans la mouvance des associations de Pieds-Noirs.

Document d'époque

"La population totale de la Tunisie élève à 2.093.939 hab., dont 1.937.824 indigènes (1.889.388 Musulmans et 48.436 Israélites) et 156.115 Européens au lieu de 143.476 en 1911, soit une augmentation de 12.639. Cette augmentation si les recensements sont exacts, profite à l'élément français (54.476 au lieu de 46.044 en 1911 soit une augmentation de 8.432 au lieu de 21.840 pour la précédente période décennale); l'élément maltais (13.520 au lieu de 11.300) gagne également 220 unités alors qu'il une légère diminution de l'élément italien (84.799 au lieu de 88.082), diminution due à l'arrêt de l'immigration, à l'émigration vers la Tripolitaine et vers le Maroc, enfin à la guerre européenne."
"En vertu des décrets du 8 novembre 1921 pris sur initiative de M. Lucien Saint, résident général de France à Tunis, le régime de la nationalité française jure soli vient être étendu à la Tunisie. Désormais, sont Français les étrangers nés en Tunisie de parents qui eux-mêmes y sont nés. De ce fait, environ 5.000 Maltais qui se trouvent dans ce cas reçoivent la nationalité française cette population laborieuse et digne intérêt déjà associée de coeur avec nous rentre ainsi dans la grande famille française ce dont elle ailleurs témoigné sa satisfaction. Par suite de la convention franco-italienne de 1896 les nouvelles dispositions sur la nationalité ne s'appliquent pas aux Italiens de Tunisie[3]."

Sources

  1. Rose Anne Abela et Anna Maria Zammit, Les Français de souche maltaise, Msida, University of Malta (mémoire en français), mai 1995, pp. 80-82
  2. John Darroch Crawford, The Maltese diaspora: the historical development of migration from Malta, Victoria (Australia), University of Victoria (mémoire), 1990 , pp. 35-36
  3. Augustin Bernard, "Le recensement de 1921 dans l'Afrique du Nord", Annales de Géographie, Année 1922, Volume 31, Numéro 169, pp.52-58