Foulard et Berufsverbot

De Suffrage Universel
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Allemagne

extrait de Nikola Tietze, La croix, le foulard et l’identité allemande, Critique internationale n°7 - avril 2000, pp. 79-100

On peut, en outre, lire dans un article du Spiegel (1998) que le proviseur de l’école où l’enseignante au foulard a effectué sa formation avait accroché dans son bureau « un grand crucifix ». Compte tenu de cet arrière-plan juridique et pratique, l’invocation de la neutralité de l’État – inscrite dans la Loi fondamentale – et de la tolérance n’est pas sans équivoque puisqu’elle repose sur un principe que l’institution scolaire elle-même n’applique pas. Cette ambiguïté amène de nombreux acteurs de la société civile à critiquer la position du gouvernement du Bade-Wurtemberg. Pour eux – journalistes de tous bords, intellectuels et certains hommes politiques minoritaires –, ce qui pose problème n’est pas que l’on associe tolérance et christianisme, mais que l’on fasse de ce dernier une condition de la fiabilité des fonctionnaires de l’éducation publique. C’est pourquoi les défenseurs de l’enseignante au foulard emploient le terme connoté Berufsverbot (interdiction professionnelle) qui établit une analogie entre le refus de lui donner un poste et les expulsions de communistes de la fonction publique dans les années soixante et soixante-dix.

Danemark

Revue de presse hebdomadaire du 3 au 9 mai 2008, Ambassade de France au Danemark

Foulard – La décision de l’Administration des tribunaux danois d’autoriser le port du foulard islamique par des juges dans les tribunaux a donné le coup d’envoi à un débat renouvelé sur une interdiction du port de signes religieux.

Henrik Dam Kristensen, porte-parole du parti social-démocrate chargé des questions d’intégration, a ainsi attiré l’attention de la presse en préconisant à la ‘une’ de Politiken samedi une interdiction de foulard et ‘d’autres symboles très religieux’. Signalant s’être concerté avec la direction du parti, il estimait « qu’avec le foulard, le turban ou la kippa sur la tête, on signale qu’on est très attaché à la religion et on peut ainsi donner l’impression que l’on accorde plus d’importance à sa religion qu’à son professionnalisme ».

Henrik Dam Kristensen s’est toutefois repris dans les journaux de dimanche, soulignant qu’une éventuelle interdiction doit seulement être étudiée par rapport aux tribunaux. Cette affaire lui a valu des critiques, tant par les autres partis politiques – à l’exception du Parti du peuple danois qui œuvre pour une interdiction – que par ses camarades de parti. Les journaux semblent être d’accord pour constater que l’affaire est symptomatique des difficultés du parti social-démocrate à définir une idéologie dans le débat sur les valeurs danoises, mais aussi de la ‘guerre’ entre les fractions au sein du parti entre les ‘durs’ et les ‘souples’. Le rédacteur en chef de Politiken remarque ainsi que le parti social-démocrate a le ‘tournis’.

Sous le titre « Les Sociaux-démocrates égarés », Information remarque dans son éditorial que le débat sur le foulard et les symboles religieux est un sujet que comprennent principalement les électeurs du Parti du peuple danois. Le journal estime inquiétant, non pas que le parti social-démocrate soit pour ou contre une interdiction du voile, mais que le parti soit « aussi mal ancré idéologiquement » sur des questions de principe.

Le journal rappelle aussi qu’en ce qui concerne les symboles religieux dans la sphère publique et l’exercice par les autorités de leur métier, la société danoise est tellement marquée par les symboles chrétiens et les traditions chrétiennes, que cela présupposerait une très vaste réforme controversée de s’en débarrasser. Constatant que ce n’est pas un crime d’avoir une religion et de le signaler ouvertement, tant que cela est géré de manière professionnelle, mais que c’est un crime d’exclure ces personnes de la fonction publique, le journal met en garde contre une interdiction, observant que cela pourrait rappeler l’ancien berufsverbot détesté.


France

extrait de Joëlle Couillandre, Lettre ouverte aux adhérents de la LCR, ... et plus largement de la gauche, LMSI (Les mots sont importants), février 2004

Avant même le passage de la loi, les " démocrates -profs " de tous poils (sic), ne se sentant plus, anticipent : guerre au A de anarchie, finies les étoiles rouges, foulards palestiniens et autres love and peace ... Maintenant, c’est le Nike autorisé-obligatoire pour tous (à l’école, le libéralisme c’est le bon sens, non ?). Là encore, bravo, belle réussite, objectif atteint ! C’est pas grave : aujourd’hui ça, demain le foulard, après demain le bandana et la barbe (en plus, y en a qui cumulent !) ... pourquoi pas les Berufsverbot ? Pourquoi s’arrêter en chemin ?

Suisse

http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/ecri/legal_research/national_legal_measures/switzerland/Suisse_RS.pdf