Élections municipales à Trieste de 1949 à 1958

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Des élections municipales furent organisées à Trieste en 1949, 1952, 1956 et 1958. Le nombre total de sièges était de soixante, le nombre de votes valables passant de 168.610 en 1949 à 186.233 en 1958.

Résultats électoraux

D'après un ouvrage paru à Zagreb en 1951[1], sur les 197.266 électeurs inscrits pour la commune de Trieste (la population totale de la commune se situant aux alentours de 280.000 habitants), 95.001 y étaient nés, 3.482 dans les autres communes de la zone A, 42.220 en Italie, 8.928 dans d'autres pays, 14.076 dans la zone B, 33.538 dans les autres parties de la Vénétie Julienne annexées par la Yougoslavie.

liste 1949 1952 1956 1958
Démocratie chrétienne 25 28 20 23
Parti communiste 13 6 14 14
Parti socialiste de Vénétie Julienne /
Parti social-démocrate
4 5 4 4
Mouvement social italien 4 4 9 9
Parti socialiste italien x 1 3 2
Parti républicain italien 3 4 2 2
Parti libéral italien 1 3 1 2
monarchistes 3 1 2 0
Liste slovène 1 1 1 1
Union socialiste indépendante /
Front populaire italo-slovène (communistes titistes)
1 1 2 1
Front de l'indépendance pour un État libre julien /
Mouvement pour l'indépendance du Territoire libre de Trieste
4 5 x 1
Parti démocratique triestin /
Bloc triestin /
Union pour Trieste
1 1 x 1
Mouvement économique national x x 2 x
Mouvement autonomiste julien /
Mouvement républicain indépendant
0 0 x x

x = pas de liste à cette élection
Tableau réalisé sur base de sources consultées en 1998 à la Biblioteca Civica de Trieste[2] [3] [4] [5] [6]

Le parti dominant était la Démocratie Chrétienne, représentant environ un tiers de l'électorat (incluant un grand nombre de réfugiés italiens des régions annexées par la Yougoslavie et de la zone B, mais aussi un nombre croissant de Slovènes, notamment en 1958). Les autres partis "nationaux" italiens représentés au conseil municipal étaient le Parti Communiste, avec un cinquième des voix, le Mouvement Social Italien (néo-fasciste), et les petits partis du centre-droit et du centre-gauche, sociaux-démocrates (en 1949 et 1952, sous l'étiquette "Parti Socialiste de la Vénétie Julienne", PSVG), républicains, libéraux, socialistes, sans oublier les partis monarchistes (Front Monarchiste Qualunquiste, Parti Monarchiste Populaire, Parti National Monarchiste etc.).

Partis et listes

Partis "nationaux" italiens

Le Parti communiste était le seul à défendre une large autonomie pour le territoire (avec unification des deux zones), les autres partis étant généralement partisans d'une annexion pure et simple des deux zones à l'Italie, les néo-fascistes et les monarchistes revendiquant également le retour des autres territoires italiens annexés par la Yougoslavie (Istrie, Dalmatie, Zara / Zadar).

Les sociaux-démocrates (PSVG / PSDI) étaient les seuls à demander l'organisation d'un plébiscite dans les deux zones afin de décider de leur sort. Les socialistes ("nennistes") étaient quant à eux partisans (en 1952) d'un gouvernement autonome en attendant une future révision du traité de paix et un retour à l'Italie.

Listes locales

Un cas particulier est celui des communistes "titistes", dont le parti poursuivait une existence indépendante depuis l'expulsion du Parti Communiste Yougoslave du Komintern en 1948. Ce parti, sous les dénominations Union Socialiste Indépendante (USI) ou Front Populaire Italo-Slovène (FPIS), présenta des listes jusqu'en 1958 inclus, remportant à chaque fois au moins un siège (deux en 1956).

Une liste du "Mouvement économique national" (MEN) récolta deux sièges lors d'une unique participation électorale en 1956, sa position n'est pas mentionnée dans les source consultées.

Liste slovène

Pendant cette période, le seul parti ethnique slovène à se présenter en tant que tel était l'Union Démocratique Slovène (LNS, LDS, LUS selon les élections), qui était représentée par un seul conseiller[7]. Il y avait néanmoins des élus slovènes sur les listes de partis de gauche, principalement celles du Parti Communiste, parti se revendiquant binational (avec deux organes de presse, un en italien, un en slovène).

Partis autonomistes ou indépendantistes locaux

Une troisième catégorie de partis au conseil municipal étaient les partis autonomistes-territoriaux (indépendantistes), le Parti Démocratique Triestin / Bloc Triestin (BT) / Union pour Trieste (UT), avec un siège (sauf en 1956), le Front de l'Indépendance pour un Etat Libre Julien (FI) / Mouvement pour l'Indépendance du Territoire Libre de Trieste (MIT), avec 4 et 5 sièges en 1949 et 1952, aucun en 1956 et seulement 1 en 1958. Le Mouvement Autonomiste Julien (MAG) / Mouvement Républicain Indépendant (MRI) ne présenta des listes qu'en 1949 et 1952, sans obtenir de siège. A noter que les responsables de ces partis étaient, d'après leurs noms, des Italiens (néanmoins, rappelons que cette méthode d'identification ethnique était peu fiable à l'époque: le régime fasciste avait "nationalisé" les Slovènes en les obligeant à prendre des noms italiens, sur le modèle atatürkiste vis-à-vis des Kurdes, Assyriens, Arméniens et autres, et certains n'avaient pas encore repris leurs anciennes identités).

Il est intéressant de noter que l'ensemble des listes favorables à une large autonomie, voire à l'indépendance, du Territoire Libre de Trieste, représentaient 36,2 % des voix aux élections de 1949 et 39,2 % en 1952. Il n'y eut jamais de référendum pour décider du statut du Territoire, ni du côté italien (zone A) ni du côté yougoslave (zone B).


Pierre-Yves Lambert (Suffrage Universel, 2001)

Sources

  1. cité in Maganja 1994, p.151
  2. Commissariato Generale del Governo per il Territorio di Trieste, Elezioni amministrative e politiche nel Territorio di Trieste. Raffronto fra i risultati delle elezioni amministrative del 1949, 1952, 1956 e le elezioni politiche del 1958 a Trieste e negli altri comuni del territorio, (1958)
  3. Commissariato Generale del Governo per il Territorio di Trieste, Elezioni amministrative nel Territorio di Trieste, (éditions de 1958 et de 1962)
  4. Diego de Castro, Gli elettori slavi di Trieste vanno verso i partiti italiani, La Nuova Stampa, 17 octobre 1958
  5. Press Relations Office, Political parties - British / United States Zone - Free Territory of Trieste, Allied Military Government, Br/US Zone, Free Territory of Trieste, 1 august 1952, 16 p.
  6. Territorio Libero di Trieste - Presidenzia di Zona, Ufficio Elettorale, Ricostituzione delle amministrazioni communali su base elettiva, 1949, 100 p.
  7. la Lista nazionale slovena (Slovenska narodna lista), formée par les libéraux de l'Unione democratica slovena (Slovenska demokratska zveza, SDZ) et des catholiques de l'Unione cristiano-sociale slovena (Slovenska krscansko-socialna zveza), cf. Città occupata (1948-1951)

Bibliographie

  • Nadja Maganja, Trieste 1945-1949: Nascita del movimento politico autonomo sloveno, Trieste, Circolo per gli studi sociali Virgil Scek, 1994

Lien externe