Élections législatives fédérales allemandes de 2005

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Électeurs, candidats et élus allemands d'origine non-européenne
Élections fédérales (2005, 2017), régionales (Hambourg 2008, Rhénanie du Nord-Westphalie 2005 - 2010 - 2012), locales

Parlementaires allemands d'origine non-européenne - européens - fédéraux - régionaux - bourgmestres
Partis musulmans - Parti d'allochtones
Droit de vote des étrangers
Nationalité allemande - Nationalité sarroise
Profils des électeurs par origine nationale ou par religion
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Attention médiatique sur l'électorat d'origine turque

Le poids des quelque 600.000 électeurs d'origine turque (1,2 % de l'électorat total, contre 470.000 en 2002) pour ce scrutin très serré a été évoqué abondamment pendant la campagne, parfois outrancièrement par la presse de droite, qui a toujours été opposée aux mesures de la coalition rouge-verte pour faciliter la naturalisation. L'hebdomadaire Bild, dont la ligne éditoriale dérape souvent vers la xénophobie, a ainsi fait sa dernière couverture précédant le scrutin d'une photo montrant le chancelier Schröder sur fond de drapeau turc. L'éditorialiste du Bild, Dirk Hoeren, a accusé le SPD et les Verts d'instrumentaliser les Turcs, de partir à la «chasse aux voix turques»[1]. Les électeurs d'origine turque sont en effet réputés être globalement plus favorable au SPD ou aux Verts qu'à la CDU ou au FDP, une constante observée aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en France ou en Belgique parmi les électeurs issus de l'immigration non-européenne, socialement de gauche mais éthiquement (euthanasie, droits des homosexuels etc.) de droite comme le démontrent toutes les études sur le sujet.

Augmentation du nombre d'élus d'origine turque grâce à Die Linke

Ces élections ont permis d'améliorer la représentation de la minorité turque au parlement, bien qu'il faille rappeler que, vu le système électoral, aucun de ces élus ne l'a été par un électorat de même origine mais bien par des électeurs de toutes origines, contrairement à ce qui se passe par exemple aux États-Unis pour les Noirs et les Hispaniques dont la quasi totalité est élue au Congrès dans des circonscriptions découpées sur mesure pour y inclure des majorités de telle ou telle des catégories «raciales» à l'américaine.

En 2002, seules deux députées d'origine turque avaient été élues au Bundestag, Ekin Deligöz (Verts, déjà élue en 1998) et Lale Akgün (SPD, élue dans une circonscription uninominale à Cologne). En 2005, trois nouveaux élus d'origine turque les ont rejointes au Bundestag, tous pour Die Linke, la nouvelle formation de gauche: Hakki Keskin (premier parlementaire d'origine turque en 1993, au Landtag de Hambourg, il était alors adhérent du SPD), Sevim Dagdelen (jeune femme née en 1975 en Allemagne) et Hüseyin-Kenan Aydin (ancien ouvrier métallurgiste, ex-membre du SPD). Pour rappel, les deux premiers élus d'origine turque au Bundestag le furent en 1994, Leyla Onur pour le SPD (élue dans une circonscription uninominale à Brunswick) et Cem Özdemir pour les Verts. Le Bundestag compte par ailleurs un député d'origine indienne, Sebastian Edathy (SPD, élu uninominal), et une d'origine iranienne, Michaela Noll (née Tadjadod) (CDU, élue uninominale à Mettmann).

Comparaisons inter-européennes

Par comparaison, l'Assemblée nationale française ne compte aucun élu métropolitain originaire d'un pays géographiquement non-européen (en y incluant la Turquie), excepté des enfants de colons (Élisabeth Guigou e.a.) ou de fonctionnaires d'outremer (Ségolène Royal e.a.), ou des personnes issues de minorités indigènes non-musulmanes de ces pays, qui refusent d'être considérées comme immigrées (Édouard Balladur, Pierre Lellouche, Julien Dray etc.). Le seul élu issu de l'immigration d'un de ces pays, et se considérant comme tel, a été Kofi Yamgnane, socialiste d'origine togolaise, pour la législature 1997-2002.

La France[2] fait à cet égard figure d'exception européenne, face à l'Allemagne (7 députés fédéraux - sur 613 - d'origine turque, iranienne ou indienne), à la Belgique[3] (6 députés fédéraux - sur 150 - d'origine marocaine, algérienne, turque ou colombienne), aux Pays-Bas[4] (15 députés - sur 150 - d'origine marocaine, turque, surinamienne, capverdienne, somalienne ou iranienne), au Royaume-Uni[5] (12 députés - sur 650 - d'origine antillaise, africaine ou asiatique), au Danemark[6] (3 députés - sur 179 - d'origine pakistanaise, palestinienne ou turque), à la Norvège[6] (1 députée - sur 169 - d'origine pakistanaise), à la Suède[6] (12 députés - sur 349 - d'origine chilienne, turque, assyrienne, ghanéenne, palestinienne, éthiopienne, érythréenne ou congolaise) et à la Finlande[6] (1 députée - sur 200 - d'origine marocaine).

Réactions turques

À l'issue du scrutin le premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan s'est réjouit de l'échec des conservateurs qui avaient fait campagne contre l'intégration de la Turquie à l'Union Européenne. Kenan Kola, vice-président de la principale association représentative des Turcs d'Allemagne a quant à lui estimé que cette élection a démontré que cette communauté est devenue une force politique en Allemagne.

Notes et sources

  1. Dirk Hoeren, "Kein Wahlkampf mit Minderheiten", Bild, 13 septembre 2005
  2. Élus d'origine non-européenne en France métropolitaine - Assemblée nationale, Sénat, Gouvernement, Suffrage Universel (site)
  3. Les parlementaires d'origine non-européenne en Belgique, Suffrage Universel (site), 1er juillet 2007
  4. Parlementaires et membre du gouvernement d'origine non-européenne aux Pays-Bas, Suffrage Universel (site)
  5. Les élus d’origine étrangère en Grande-Bretagne, La Lettre de la citoyenneté
  6. 6,0, 6,1, 6,2 et 6,3 Karim Kettani, La représentation parlementaire des allochtones dans les parlements nordiques, Suffrage Universel (site), 16 septembre 2005